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Le deuil d'un animal : mon expérience personnelle


En 2016, après de longs mois de réflexions avec mon compagnon, nous avons décidé d’adopter un chien. Nous nous sommes mis d’accord sur la race : Beauceron. Tout collait, le physique, la taille, la couleur, le caractère, il ne restait plus qu’à trouver celui qui nous rejoindrait.

Nous avons consulté leboncoin, et nous sommes tombés sur son annonce.

J’avais tout de suite craqué sur elle-même si j’hésitais avec sa sœur qui était arlequine.

Nous appelons puis prenons rdv pour aller la voir, quelques jours plus tard.

Nous savions qu’en faisant la route, il était fort probable que nous repartions avec la chienne.

La rencontre s’est bien passé et toutes les chiennes, alors âgées de 4 mois et demi sont venues vers nous, sauf l’arlequine. Ce ne sera donc pas elle.

Miela, elle, est venue vers nous tranquillement, et ne nous a plus lachée, elle se montrait super proche d’Aurélien, ce qui nous a fait craqué. Nous avons fait les papiers et sommes repartis avec, totalement amoureux de cette petite (grande) chienne. Nous sommes rentrés à la maison tranquillement, et aux premières visites des membres de la famille nous avons compris que sa socialisation avec les humaines n’avait pas été bien faites, elle se montrait très méfiante envers les inconnus, surtout les hommes. Cela ne me faisait pas vraiment peur, après tout, nous aurons le temps de le travailler. C’était une petite chienne parfaite, équilibrée dans son tempérament, une obéissance très bonne dès le début, un rappel du feu de dieu.. LE TOP ! à part ces petits soucis de sociabilité, c’était une chienne idéale.




Nous avons donc coulés des jours heureux de début novembre a fin mars 2017, ou ma chienne a été empoisonnée dans notre jardin. Nous ne savons toujours pas par quoi, et je ne sais toujours pas si cela ne serait pas due au cachet antipuces qu’elle avait eu quelques heures auparavant ou pas.

Évidemment nous avons été effondrés, moi de manière plus visible que mon conjoint, mais nos cœurs étaient meurtris... J’ai été inconsolable de nombreux jours (mois ?).

A ce moment là, nous étions gardiens d’une propriété, (= en échange du logement, nous entretenions le parc de 5hectares et veillions sur la maison des propriétaires), et la propriétaire nous a interdit de reprendre un chien de + de 10kg après la mort de Mila. Elle, elle avait un chihuahua et un autre petit ratier. J'avais du mal a vivre sans chien, vraiment beaucoup de mal, mais finalement, c’était un mal pour un bien, car je me demande vraiment ce que ca aurait pu donner en reprenant un chien direct ensuite.. Surement quelque chose de terrible.

J’ai pris mon mal en patience, et nous avons également laissé le temps adoucir notre peine.

La situation avec la propriétaire s’est beaucoup dégradée, nous avons donc fini par déménagé (et DONC, envisager d’adopter un nouveau chien). Nous sommes en Aout 2017. Le déménagement a peine terminée que je m’abonne à toutes les pages des associations et refuges du coin. En quelques jours, Mon coeur a chaviré pour mon chien actuel alors âgé de deux mois. Il était a la spa du coin, se nommait Néo, et son regard m’a fait vriller. Nous avons téléphoné et sommes allés le voir quelques jours plus tard. Nous sommes repartis avec. Et l’avons rebaptisé Noctis.



C’est le dernier à être venu nous voir, dans sa cage de SPA à l’entrée du refuge et en plein soleil. La dame me l’a mis dans les bras et nous sommes partis.

Sur la route il a été malade (et ca a conditionné les 6 mois de voitures suivants)

Arrivé à la maison, il était penaud, et s’est caché sous les meubles.

Nous avons de suite fusionné, je l’avais attendu tellement de temps, et je l’aimais déjà tellement.

Nous n’avons pas mis longtemps à voir son caractère arriver ! il nous aboyait dessus dès qu’il était contrarié, attirait beaucoup notre attention aussi, et était très collé à nous.


A ce moment là, nous essayions de tenir bon sur l’accès au canapé, ca n’a pas duré longtemps. Et très vite, il nous a rejoint, laissant place a de nombreux moments de câlins inoubliables.

A l’extérieur, c’était un chien sociable, mais très indépendant. Bien loin des autres chiots qui accourent au moindre rappel. Lui il partait de l’autre coté en courant.

La propreté a été acquise rapidement, les mordillements ont vite cessés, les sauts aussi ( sur nous en tout cas, il aurait tendance encore aujourd’hui à vouloir sauter si on s’intéresse à lui avec un peut trop d’enthousiame)

Le stress en voiture a été rapidement réglé ( vers ses 6-8 mois, après deux doses de rescue ( Fleur de bach) consécutives sur 2 trajets)

En promenade, nous avons très vite investi dans une longe, et travaillé sur le rappel et toute l’éducation de base, ce qui nous a bien aidé.

Tout ca, finalement ca a été.

PAR CONTRE, ce qui n’allait pas du tout, c’est les destructions. A chaque départ(ou presque), Noctis a détruit , du truc le plus classique comme une chaussure, au canapé, en passant par les murs, et les baguettes de finitions dans les angles, les manettes de consoles, les télécommandes, les cartons, ses couvertures, ses jouets.. beaucoup de choses sont passés entre ses crocs.


Bien sur avec les « connaissances » professionnelles, il n’y a pas eu de mauvais renforcements lorsque je rentrais, mais ce qu’il y avait, c’était ce deuil et cette fusion.


Par phase, nous avons réinstaurés les critères sociaux, ré interdit le canapé, retravaillé le détachement, mais cela revenait toujours, un peu moins, et moins souvent, mais ca revenait…

Et puis parfois on recraquait et il revenait sur le canapé. Et ca malgré les connaissances que j’ai, je ne pouvais pas m’en empecher. Parce qu’à l’intérieur la plaie n’était pas cicatrisée.


Noctis a continué à détruire de temps en temps, jusqu’à ce que nous déménagions là où nous sommes actuellement. Arrivés ici en Decembre 2018, j’étais enceinte à ce moment là,la maison en pleins travaux, Noctis était très perturbés par tous ces changements, et ces à cette périodes qu’il a fait ses dernières grosses destructions ( un clic clac en mousse, détruit entièrement). A ce moment la, il n’y avait plus de fusion (enfin je crois), le détachement était bien présent et les Critères sociaux étaient d’avantages respectés. Seulement il y avait beaucoup de changements et de mouvements (on vivait entre deux maisons entre octobre et décembre 2018 le temps de faire les gros travaux de destructions.

En mars 2019, j’ai accouché, et je dirai qu’à partir de là, tout à changé. Le chien s’est apaisé, surement parce que nous étions encore + détachés.

Depuis, nous n’avons plus de grosses destructions. Il reste un chien un peu stressé, surtout lors de changements d’habitudes/de routines, a ce moment là il va chercher des petits trucs à déchirer (cartons, bouts de plastiques) mais ca s’arrête là, et en 2 jours c’est terminé.

Aujourd’hui il est à sa place de chien, et même si on l’aime très fort je pense que nous sommes beaucoup plus détachés de lui. C’est un véritable baromètre de toutes façons, lorsqu’on est trop «quelque chose » son comportement change immédiatement et nous avons juste à faire le lien et à changer pour qu’il se réadapte et redevienne bien dans ses baskets.

C’est un chien équilibré, avec les humains comme les congénères, il a un tempérament de dominant, mais équilibré. Il m’aide au quotidien avec mes clients. Son obéissance est beaucoup plus qualitative, on a enfin du rappel ( 98% du temps).

Il est hyper intelligent, et très très sympa. Il est toujours de bonne humeur et de bonne volonté pour suivre mes inventions. Aujourd’hui je pense que mon deuil est fait, et que mon chien est aimé à sa juste valeur, à sa juste place, et cela change tout.

Il est là, parce que c’est coool d’avoir un chien, et pas parce qu’il fallait avoir un chien, ca aussi ca change tout…


Je retiendrai de cette expérience, que nos chiens ont besoin d’être pris pour ce qu’ils sont, d’être à leur place, celle qui leur est due.

Je retiendrai également, que vivre le deuil d’un chien, ou d’un autre animal, c’est un véritable deuil, aussi puissant que celui d’un humain, que nous avons le droit d’être triste, et de trouver injuste que le monde continu à tourner alors que le nôtre s’est arrêté.

Je retiendrai que nos animaux nous apportent tellement de chose, nous donnent tellement tout, font tellement tout ce qu’ils peuvent, que nous nous devons nous aussi de faire le meilleur, pour eux et pour nous.


Et je retiendrai que face à la douleur, professionnel(les) ou pas, nous avons des besoins qu’il faut entendre, nous faisons des « erreurs » comme tout le monde, mais dans ces moments là, ce ne sont que des moyens de vivre avec ce qui vient de nous arriver.


Et je te dirai, qu’aujourd’hui je suis enfin prête à dire Adieu à ma Mila… 5 ans après sa mort


Un deuil ca prend du temps, ce n’est pas linéaire, ca fait des vagues, des accalmies, des plongeons. Des moments où on ne sait plus où on habite, et d’autres où on n’a l’impression que tout va bien. Un deuil, c’est unique et personnel, et tant qu’on ne l’a pas vécu on ne sait pas. un deuil, ca se fait individuellement, à son rythme, et tant qu’on n’est pas prêt, je dirai que c’est pas la peine de forcer.

Un deuil, on s’en relève, on cicatrise, avec le temps, avec de l’amour, avec de l’empathie et de la sympathie pour nous même, avec du soutien et de la compassion, avec de la patience, et en soufflant un coup



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